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MARSEILLE – UN AIR DE QUALITÉ POUR LA CITÉ PHOCÉENNE

SYNTHÈSE

Deuxième ville la plus peuplée de France, Marseille connaît une pollution omniprésente et une problématique de la qualité de l’air qui fait régulièrement les gros titres.

Malgré une pollution de l’air responsable de plus de 2500 décès chaque année dans la cité phocéenne, l’association locale de la surveillance de l’air, AtmoSud, souligne dans une note technique d’octobre 2022 une amélioration générale de la qualité de l’air à Marseille ces 20 dernières années par le biais des mesures mises en place et de progrès technologiques.[1]


De surcroît, le fil directeur de la politique pour l’amélioration de la qualité de l’air a été retranscrit dans le Plan de Protection de l’Atmosphère des Bouches-du-Rhône (PPA 13). Ce dernier donne les objectifs et actions précises pour chaque secteur d’activité, ayant pour but de diminuer les émissions polluantes des particules fines (PM2.5 et PM10) et d’oxydes d’azote (NO & NO2) du territoire de 5 à 7% entre 2017 et 2025.[2][3]


Dans l’optique d’une amélioration de la qualité de l’air, et surtout d'une limitation des risques sanitaires et environnementaux des habitants de la cité phocéenne, cette étude analyse la variété des moyens à ce jour reconnus comme efficaces pour y répondre, leur faisabilité, leur efficacité et, le cas échéant, les axes d’amélioration envisageables en vue de la révision du PPA 13 en 2025.


I. REDÉFINITION DES TRANSPORTS & DES ZONES DE MOBILITÉ

II. CHAUFFAGE AU BOIS

III. PORT DE MARSEILLE


LIMITES DE L’ÉTUDE

  • Bien que publiques, une partie des données concernant Marseille a dû être interprétée et extrapolée en se basant sur des relevés des Bouches-du-Rhône. Il convient de rappeler qu’une telle démarche est possible dans la mesure où Marseille concentre un peu plus de 40% de la population du département.

  • Cette étude, se focalisant sur Marseille, plusieurs zones polluantes proches de cette ville sont exclues du spectre de l’étude, particulièrement l’étang de Berre où une grande partie des industries sont implantées.

  • La France, étant sous la surveillance de la justice européenne concernant les particules fines et les oxydes d’azote en matière d’émissions, cette étude fait le choix de s’intéresser exclusivement à ces polluants.[4][5]

  • Les estimations pour le chauffage au bois n’ont pas pu se faire à l’échelle de Marseille par manque de données. Cependant, cette étude a été réalisée à l’échelle de la Métropole de Marseille Provence, en sachant que la commune de Marseille concentre près de 86 % de la population de la Métropole.

  • Les émissions du secteur maritime du PPA 13 comprennent majoritairement celles du Grand Port Maritime de Marseille. Le GPMM est composé du port de Fos-sur-Mer (77% des émissions à l’échelle régionale) et du port de Marseille (17% des émissions à l’échelle régionale). À savoir que les activités du GPMM vont s’accentuer ces prochaines années, et a fortiori les émissions de polluants, principalement dans le port de Fos-sur-Mer. Or, notre étude ne se focalise que sur Marseille et majoritairement sur le port de Marseille.[6][7]

  • En ce qui concerne le nombre d’escales dans le GPMM, les données de 2019 sont différentes, et ce découlant de la pandémie du COVID-19. Lors de cette crise sanitaire, une augmentation du nombre de paquebots stationnés dans le port et ce sur une plus longue durée a été notée.[8] Le nombre d’escales fut grandement divisé (340 auparavant ; 140 pendant) mais le temps moyen bien plus important (10h auparavant ; 220h pendant). Cela s’est traduit par une augmentation d’un peu plus de 175 tonnes en oxydes d’azote par mois d’émissions à 350 tonnes environ par mois.[9] La plus grande source d’émissions pendant la pandémie est due à l’utilisation des moteurs auxiliaires qui servent à produire l’électricité des bateaux à quai. Les escales en situation de crise sont comparables à une escale avec passagers. Pour les navires marchands, il y a eu une légère augmentation des émissions. Dans le cas des ferries, les émissions sont inférieures en période de confinement du fait qu’ils étaient raccordés à quai.

POLLUTION PAR SECTEUR D’ACTIVITÉ


Lors de son dernier inventaire de 2019 dans les Bouches-du-Rhône, AtmoSud a estimé que les oxydes d’azote sont émis à hauteur de 32 % par le secteur des transports routiers et à hauteur de 28 % par le secteur des transports maritimes pour environ un total d’émissions de 46 000 tonnes.[10] Les particules fines PM2.5 sont émises respectivement à hauteur de 23 % et 26 % pour les secteurs du transport routier et résidentiel sur un total d’émissions de 5300 tonnes environ.


PLAN DE PROTECTION DE L’ATMOSPHÈRE DES BOUCHES-DU-RHÔNE


Obligatoire pour les agglomérations de plus de 250 000 habitants, un PPA est un plan d’action afin de limiter et diminuer les concentrations en polluants. Tous les cinq ans, une évaluation est effectuée et le préfet décide ou non de sa révision. Il est également sous le coup d’un bilan annuel.[11]

En ce qui concerne Marseille, il se compose de plusieurs points :

  • Périmètre de la zone (découpage suivant la répartition de la population ; pour les Bouches-du-Rhône : zone de l’agglomération Aix-Marseille et la zone régionale)

  • Inventaire et évaluation de la qualité de l’air

  • Objectifs précis en termes de polluants et secteurs

  • Actions et mesures qui répondent au contexte (soit réglementaires, soit non obligatoires)

  • Organisation générale des acteurs pour son déploiement

  • Échéances

Le premier PPA des Bouches-du-Rhône date de 2006 et les mesures qu’il comprenait ne s’articulaient qu’autour du secteur industriel et de celui des transports. Il n’était pas destiné à réduire la pollution aux particules fines. Toutefois, il a permis une baisse des émissions en dioxyde de soufre (SO2). En 2013, il a fait l’objet d’une révision pour la prise en compte des orientations du Comité Interministériel de la Qualité de l’Air (CIQA). Le dernier PPA en date est de 2021 et s’appuie sur l’année de référence de 2017. Il fixe un cap pour 2025, date à laquelle il subira une nouvelle évaluation.[12]

55 actions sont dénombrées dans le PPA 13 sur l’ensemble des secteurs d’activités. La subséquente étude s’oriente autour de trois axes : les transports routiers, le secteur résidentiel/tertiaire et finalement le secteur maritime.


AVANCÉE ET PROGRESSION DU PPA13 [13]

  • TRANSPORTS ROUTIERS

Si aucune action n’est entreprise pour contenir les émissions d’oxydes d’azote du secteur des transports routiers à horizon 2025, elles compteront pour 23% (9 302 tonnes) des émissions totales du département des Bouches-du-Rhône. Les particules fines compteront pour 20 % pour les PM10 (8 089 tonnes) et 17% pour les PM2.5 (6 875 tonnes). Grâce aux actions conjuguées du PPA 13 dans ce secteur (remplacement des véhicules ; reports modaux ; ZFEm), des baisses sur le total des émissions du département de 3% (1231 t/an) pour le NOx, de 1,7% (118 t/an) pour le PM10 et de 1,5% (77 t/an) pour le PM2.5 pourront être observées.

Cela permettra de baisser considérablement les émissions en oxydes d’azote, plaçant ce secteur d’activité en troisième position parmi les secteurs les plus émetteurs.

  • RÉSIDENTIEL / TERTIAIRE

Si aucune action n’est entreprise pour contenir les émissions de particules fines du secteur résidentiel/tertiaire à horizon 2025, elles compteront pour 19% (1367 tonnes) et 26 % (1297 tonnes) respectivement pour les PM10 et les PM2.5 des émissions totales du département des Bouches-du-Rhône. Les émissions des oxydes d’azote ne compteront que pour 3.2 %. Les particules fines sont majoritairement émises par la combustion de biomasse (bûches, etc.) dans des appareils de chauffage anciens ou même lors du brûlage des déchets verts. En plus des actions pour rendre plus performants les systèmes de chauffage et des alternatives pour une meilleure gestion des déchets verts, le PPA 13 a incorporé les actions du Plan Climat Air Energie Métropolitain (PCAEM).[14]

Avec la mise en place de l’ensemble des actions du PPA 13 à l’échelle du département, une baisse des émissions totales de 1 % pour le PM10 (- 49 t) et le PM2.5 (- 47 t), et de 0,1% (- 24 t) pour le NOx devrait être observée.

  • MARITIME

Si aucune action n’est entreprise pour contenir les émissions d’oxydes d’azote du secteur maritime, elles compteront pour 35% (14 518 tonnes) des émissions totales des Bouches-du-Rhône.[15] Les particules fines compteront pour 11,5 % pour les PM10 (4 770 tonnes) et 15,4% pour les PM2.5 (6 388 tonnes). Dans le cadre du plan d’action, la majorité des baisses d'émissions proviendra du déploiement de quais connectés au réseau électrique avec une réduction des émissions de 458 tonnes de NOx par an. Cela représente environ 70 % du total des baisses possibles sur l’ensemble des actions (électrification, GNL & charte bleue permettant une réduction du soufre dans le carburant) du PPA 13 dans le secteur maritime. Cela aura un impact direct sur la population la plus proche du port, sans pour autant l’être sur la totalité des émissions avec les futures perspectives de développement économique du GPMM dans les années à venir. Ceci a été pris en compte dans les estimations d’émissions des polluants.

Les gains des émissions totales des actions du PPA à l’échelle du département représentent des baisses de 1,6 % (665 t/an) pour le NOx, 0,6 % (40 t/an) pour les PM10 et 0,8 % (39 t/an) pour les PM2,5, et enfin 0,1 % (16 t/an) pour les émissions de SOx.

Les émissions d’oxydes d’azote dépasseront celles du secteur routier pour placer le secteur maritime en deuxième position derrière le secteur industriel.


I. REDÉFINITION DES TRANSPORTS & DES ZONES DE MOBILITÉ


ZONE À FAIBLES ÉMISSIONS MOBILITÉ (ZFEm) – MARSEILLE [16][17]


En retard sur ses collègues européens, la première ZFEm en France a vu le jour en 2015 à Paris, et celle de Marseille en 2022.[18]

La mesure concerne 314 000 Marseillais sur une zone de près de 19,5 km². En septembre 2022, la mesure s'étendait jusqu'aux véhicules classés Crit’Air 5 et non classés.[19] S’en suit un renforcement progressif en septembre 2023 et en septembre 2024, comme c’est le cas dans les diverses métropoles mettant en place une ZFEm.


Afin d’inclure un maximum d’individus impactés par la pollution chronique du centre-ville de Marseille, le choix du périmètre de la ZFEm s’est fait selon plusieurs données : [20]

  • la possibilité d’avoir recours aux reports modaux (transports en commun, mobilité douce)

  • la superficie de la zone [21]

  • la population concernée (résidents ; actifs ; écoliers)

  • le nombre de personnes exposées à des dépassements des valeurs recommandées

  • les écoles et lieux de santé touchés par la pollution chronique


COMPOSITION DU PARC AUTOMOBILE PHOCÉEN (2021) [22]


À Marseille, il est dénombré près de 420 000 véhicules.


DIMINUTION DES ÉMISSIONS, EFFETS & CONSÉQUENCES


À horizon 2025, la mise en place d'une ZFEm à Marseille permettra une réduction des émissions de NOx de 22 %, des particules fines PM10 de 6,5 % et PM2.5 de 10,3 %.[23][24]

Le parc automobile est désormais forcé d’évoluer nettement plus rapidement vers des véhicules bien moins polluants. La ZFEm n'a pas pour objectif de diminuer le nombre de véhicules en circulation mais de réduire la pollution atmosphérique.

Les recommandations de l'OMS de 2005 préconisent un seuil exposition annuelle de 40µg/m3 pour le NO2. En 2021, ce seuil a été descendu à 10µg/m3. Les recommandations de l’OMS sont plus restrictives que celles à l’échelle européenne ou française. Néanmoins, les États membres n’ont pas l’obligation juridique de s’aligner sur les valeurs de l’OMS.


À titre informatif, il est affirmé dans l'étude réalisée par la Métropole Aix-Marseille-Provence qu’il n’y aura pas de variation des concentrations en NOx et des particules fines en dehors du périmètre de la ZFEm (19,5 km²) en 2025.


FAIRE RESPECTER LA ZFEm

  • COMMUNICATION

En amont de tout changement effectué quant au périmètre ou aux restrictions imposées par la ZFEm, les associations et élus locaux se doivent de communiquer sur le sujet et d’organiser des campagnes d’informations. À ce titre, et pour éviter un blocage, une période maximale doit être instaurée et un minimum de concertations, défini au préalable, doit être réalisé.

  • CONCERTATION PUBLIQUE

L’opinion publique est en faveur de l’interdiction de circulation des véhicules les plus polluants dans certaines zones de la ville.[25] Un suivi public se doit d’être réalisé au travers de réunions communales (entre les différents représentants d’arrondissements) afin de trouver les axes d’améliorations, sociaux et environnementaux, chaque année, afin de suivre l’évolution de la ZFEm.

  • SANCTION

Le contrôle des automobilistes est indispensable pour sensibiliser en premier lieu et sanctionner si nécessaire les plus réfractaires à l’application de la ZFEm et ne pas freiner son efficacité. Il serait ici possible d’intercepter électroniquement les véhicules en situation illégale circulant dans la ZFEm et de les sanctionner automatiquement.


RECOMMANDATIONS – ZFEm


Ressources financières insuffisantes ou bien accès difficile aux transports en commun, voilà des défis auxquels il faut penser lors de la mise en place d’un tel dispositif. La mobilité douce a un coût.

Marseille, à l’instar d’autres grandes métropoles, doit favoriser les actions suivantes :

  • Augmentation des aides financières pour la mobilité douce : achat ou location d’un vélo ou d’un véhicule à faibles émissions pour les particuliers et les professionnels

  • Simplification des démarches administratives concernant l’obtention d’aides financières pour l’achat d’un vélo ou véhicule électrique. La mise en place d'un formulaire unique pourrait promouvoir – voire accélérer – la mobilité douce

  • Mise en place de la gratuité totale, pour tous, des transports en commun[26]

  • Augmentation des investissements dans des infrastructures pour les mobilités douces (pistes cyclables, bornes de recharge électrique et au gaz naturel)

  • Extension de la ZFEm : d’une faible surface (19 km2), le périmètre de la ZFEm doit faire l’objet d’une révision concernant son élargissement en 2025 pour englober l’ensemble de la cité phocéenne (240 km2). Un tel dispositif devra ensuite être reconsidéré une fois le parc automobile entièrement renouvelé, mais également la mise en place de mobilité douce sur l’ensemble du périmètre

  • Piétonnisation accentuée dans certaines zones ainsi que l’accroissement des voies pour les vélos

  • Mise en place de dérogations qui doivent avoir un bon équilibre entre raisonnabilité pour les personnes concernées et efficacité en termes d’émissions de polluants. Les personnes qui pourront bénéficier de ces dérogations sont celles possédant des véhicules d’intérêt général ou qui ont une carte de stationnement spécifique[27]


II. CHAUFFAGE AU BOIS


À l’échelle nationale, un rapport du Ministère de la Transition écologique datant de 2021 montre la marche à suivre concernant le chauffage au bois avec pour objectif de réduire de moitié les émissions de particules fines à horizon 2030.[28] Ce but fut fixé à travers la loi Climat et Résilience principalement pour les territoires durement touchés par la pollution de l’air et où un plan de protection de l’atmosphère (PPA) a été décrété.

Entre autres, ce plan d’action a pour objectif de :

  • Sensibiliser sur les bons usages et la performance des équipements

  • Accompagner via des aides financières, dont le fonds air bois

  • Pousser au dépassement des performances actuelles des appareils labellisés Flamme verte

  • Favoriser les combustibles de qualité

  • Comprendre les problématiques locales pour mieux s’y adresser

Dans ce rapport, il est affirmé que 40 000 personnes perdent la vie chaque année en France à cause des particules fines, considérées comme cancérigènes.

Le secteur résidentiel, lui, est le principal responsable de la pollution aux particules fines via la combustion des appareils de chauffage avec respectivement 43,3% des PM 2.5 et 27,5% des PM10 (en France).[29]


À l’échelle du département, il y aurait environ 47 000 appareils non performants sur les 85 000 existants. À savoir, 37% des foyers munis d’un chauffage au bois l’utilisent comme moyen exclusif – ou principal – de chauffage, soit près de 17 000 appareils.[30]

Le taux de renouvellement des appareils de chauffage au bois selon l’ADEME est de 4% par an, soit une estimation d’un peu moins de 700 appareils dans les Bouches-du-Rhône.

À Marseille, le chauffage au bois représente 41% du chauffage et est responsable de 79% des particules PM2.5 dans l’atmosphère.[31] Il est ainsi impératif d’accélérer le renouvellement des systèmes de chauffage au bois anciens et peu performants par des équipements plus performants et moins émetteurs.


IMPACT DU PPA 13 SUR LES ÉMISSIONS DE PARTICULES LIÉES AU CHAUFFAGE



La mise en place du PPA 13 aurait alors pour effet d’accélérer le renouvellement du parc de chauffage au bois, et donc de diminuer davantage, sur une durée plus courte, les émissions de PM10 et PM2.5.


LIMITER LES EMISSIONS DE CHAUFFAGE AU BOIS


Les appareils anciens – de plus de 14 ans – et les cheminées émettent 10 fois plus de particules fines par rapport à un système récent.

Avant de penser plan d’action, il convient de rappeler que des gestes simples à l’échelle individuelle doivent avoir lieu afin de réduire les émissions :

  • L’entretien régulier des appareils de chauffage

  • L’obtention d’un appareil récent et adapté

  • L’utilisation d’un combustible de qualité

  • Le respect d’une méthode d’allumage et d’une bonne gestion des entrées d’air[32]

ENTRETIEN ET TRAVAUX PAR UN PROFESSIONNEL [33]

  • Un ramonage périodique avec une transmission d'informations des bonnes pratiques (une couche de 1 millimètre de suie équivaut à une augmentation de la consommation de bois de 10%)

  • Un appareil récent labellisé Flamme Verte qui garantit des performances optimales

  • Remplacement d’une installation qui est à foyer ouvert (foyer sans enceinte pour confiner la combustion et améliorer la performance). À savoir que ce type d’installation est une trentaine de fois plus polluant, d’où l’intérêt de le remplacer

  • Installation d'un modérateur de tirage pour réguler l'air

  • Installation d'un insert pour transformer les vieilles cheminées traditionnelles en installation performante – améliore grandement le rendement énergétique de 15% à jusqu'à 80%

BOIS DE QUALITÉ


ALLUMAGE PAR LE HAUT


80% des émissions polluantes surviennent entre l’allumage du foyer et les 15 minutes qui suivent. Un allumage par le haut permet notamment de neutraliser les fumées émises par les flammes et d'économiser du bois. La vitre peut être laissée légèrement ouverte en plus de l'ouverture des clapets pour une bonne aération le temps que le feu prenne.


AIDES FINANCIÈRES [34]

  • Fonds Air Bois (47 millions d'euros) pour investir dans l'achat d'un nouvel appareil labellisé Flamme Verte 7 et au-delà. Le fonds est à disposition des particuliers jusqu'en 2026 et est coordonné par l'ADEME et le territoire concerné. Un particulier peut obtenir un financement allant jusqu’à 1500 euros pour changer son dispositif de chauffage au bois.[35] L'objectif est de pouvoir progressivement remplacer le parc ancien et les foyers ouverts pour contribuer à la réduction de la pollution atmosphérique des territoires les plus pollués.

  • MaPrimeRénov : disponible sous conditions aux propriétaires qu’ils occupent ou louent le logement. Permet de financer un vaste éventail de prestations : isolation, chauffage, ventilation et audit énergétique.[36]

  • Les Certificats d’Économies d’Énergie (CEE) : soumises à conditions, ces aides visent à aider à la transition énergétique au travers du financement de travaux de divers types afin d’améliorer la performance énergétique d’un bâtiment individuel ou bien collectif.[37]

D’autres types de subventions existent également à l’échelle régionale, départementale et locale.


RECOMMANDATIONS – CHAUFFAGE


En se basant sur le PPA13 et les différentes actions déjà en place, la présente étude recommande la mise en œuvre de plusieurs actions afin de renforcer la baisse des émissions liées au chauffage dans la cité phocéenne :

  • L’interdiction des chauffages au bois à foyer ouvert et le remplacement des équipements vétustes

Un accompagnement financier doit être apporté aux ménages les moins aisés, quand une obligation de changement de système doit être mise en place pour les ménages avec des revenus élevés tout en indexant ce chiffre sur l’inflation couplée au prix de l’énergie. Le remplacement se faisant à une échelle de quelques milliers par an, une étude individuelle des cas les plus complexes peut s’opérer – cela ne représenterait pas un coût temporel ou opérationnel important et permettrait d’éviter tout litige. Ce faisant, il pourrait être sage de vivement inciter les ménages équipés de chauffage au bois vétustes à transiter vers des équipements utilisant une autre source d’énergie afin de faire varier le mix énergétique.

Le Fonds Air Bois va dans ce sens afin d’accélérer le taux de remplacement qui est de moins de 4% par an en France pour un taux approchant les 6%. Selon le plan d’action du Ministère de la Transition écologique, un remplacement de 120 000 chauffages au bois au travers du Fonds Air Bois permettrait de réduire les émissions de PM2.5 de 6 000 tonnes par an en France.

  • L’interdiction de l’usage des chauffages au bois pour les appareils dépassant le seuil de la valeur limite d’émissions préalablement fixée par le territoire, comme c’est le cas dans la vallée de l’Arve, où une limite de 125mg/Nm3 pour les poussières totales est instaurée. Cela doit même être systématique durant les intersaisons afin de ne pas pénaliser les plus démunis en hiver, saison où les besoins sont les plus forts


  • L’obligation pour les particuliers souhaitant s’équiper d’un chauffage au bois de s’en procurer un qui porte le label Flamme verte, comme cela a lieu depuis le 1er avril 2023 dans les communes du Rhône, de l’Isère et de l’Ain[38]


  • L’arrêt des cheminées à foyer ouvert à l’instar de la métropole lyonnaise


  • Une accélération du PPA13 concernant le chauffage au regard des politiques dans les régions adjacentes. Une telle perspective implique une coordination aussi bien politique, qu’économique et structurelle


III. PORT DE MARSEILLE


Le Grand Port Maritime de Marseille est le premier port de France avec 8000 escales chaque année. Il s’étale sur la ville de Fos-sur-Mer (partie Ouest) et la ville de Marseille (partie Est). À l’échelle régionale, le port de Fos-sur-Mer représente 77% des émissions et le port de Marseille 17% des émissions. À Marseille, le secteur maritime est responsable de 37% des émissions d’oxydes d’azote.

L’activité la plus impactante à Marseille est celle des navires de croisière. Les navires à quai continuent toujours de fonctionner avec la présence des membres d’équipage à bord (systèmes de chauffage et refroidissement, eau chaude, et autres fonctions essentielles comme les pompes de ballasts). À savoir qu’un navire à quai consomme entre 500 et 2000 litres de gasoil par heure, soit l’équivalent de 250 voitures en un lapse de temps similaire.

Entre septembre 2018 et janvier 2019, AtmoSud a mené une étude à Marseille dans le quartier de Mourepiane à 1,5 km du môle croisière afin de pouvoir définir l’exposition des habitants aux émissions polluantes des navires et de l’activité du port.[39] Il est significatif de noter que, malgré quelques pics, les seuils sont respectés d’après les normes françaises, européennes, ainsi que celle de l’OMS hormis pour le NO2 qui compte pour un non-respect de 13h des seuils autorisés.[40] Justement, la majorité de la pollution en dioxyde d’azote du quartier a pour origine l’avant-Port Nord (porte d’entrée et sortie), due au passage des navires.

Il a été conclu que l’influence de la direction du vent est notable dans les concentrations en polluants. La concentration dans l’air en polluants évolue constamment avec des pics par intermittences suivant les panaches des fumées des navires. Néanmoins, les émissions de polluants dans l’atmosphère n’ont pas vu de dépassements de seuils pour les valeurs réglementaires.

Au-delà même d’une qualité de l’air dégradée, les plaintes répétées des habitants de Marseille et plus particulièrement du port semblent converger vers une solution en développement : le raccordement des navires au réseau électrique lors de leurs escales.[41]


ÉLECTRIFICATION DES QUAIS


L’électrification des quais du port de Marseille se fait dans le cadre du plan Escales Zéro Fumée voté en 2019 visant à réduire les émissions des ferries. Un fonds de financement de 30 millions d’euros (dont 20 millions d’euros pour Marseille) a été débloqué pour les trois villes principalement par la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, en partie à l’échelle européenne (fonds Feder), également par le Plan de Relance de l’État, la métropole et enfin le département.

La date butoir est fixée à 2025 pour l’achèvement des travaux du GPMM pour un total de plus de 12 connexions au réseau électrique avec une capacité totale de 70 MW.[42][43] En avril 2021, les raccordements pour la liaison corse étaient opérationnels et ceux du Cap Janet doivent s’achever en 2023 malgré des retards.[44]

Un double intérêt ici :

  • Écologique : l’ancien modèle reposait sur l’utilisation de groupes électrogènes alimentés au diesel ou au fuel lourd

  • Sonore : la réduction des nuisances sonores et des vibrations pour les riverains

Le coût pour un armateur afin de convertir un navire pour le brancher au réseau électrique est d’environ 1 million d’euros.

L’électricité est au frais des compagnies maritimes qui exploitent les ferries.


Le réseau électrique du port est entièrement possédé par le GPMM qui se fournit auprès du réseau de distribution électrique, Enedis. Des projets locaux de production d’énergie renouvelable fleurissent pour participer à l’alimentation du réseau. À l’heure actuelle, le port achète l’électricité à Enedis provenant d’énergies renouvelables et la revend environ 7% plus cher.[45] Le passage à l’électricité pour les escales va représenter un coût supplémentaire.


CONSÉQUENCES SUR LES ÉMISSIONS


Les actions conjuguées pour la réduction des émissions de NOx dans le secteur maritime des paquebots et ferries permettront de les réduire jusqu’à 72 % au plus proche des riverains du port entre 2017 et 2025.[47] À noter que cependant, la croissance du secteur maritime entraîne une légère hausse des émissions de NOx, néanmoins limitée et freinée par les actions mises en place.


RECOMMANDATIONS – PORT DE MARSEILLE


Bien qu’utile, l’électrification des quais du GPMM ne fait que répondre à un besoin, à une conséquence de la pollution découlant des navires. Une augmentation du trafic dans le GPMM est prévue, et voilà le vrai problème. Tourisme accru et consommation de biens croissante sont (in?)directement responsables de la pollution. Il serait improbable – voire insensé – d’arrêter tout trafic maritime. Néanmoins, il conviendrait non pas de penser à une solution technologique à cela dans un premier temps, mais plutôt de limiter le nombre de navires, ferries et paquebots par année dans le port de Marseille. En effet, il était dénombré près de 3300 escales dans le port de Marseille en 2021 et il est envisageable d’en dénombrer plus de 4000 à horizon 2030. Un tel accroissement est nocif aussi bien d’un point de vue qualité de l’air que pollution des eaux.


CONCLUSION


La ville de Marseille, bien qu’encadrée par un PPA, doit accélérer l'implémentation progressive d’une ZFEm, le renouvellement et développement des systèmes de chauffage, les aménagements et l'électrification du port, rapidement et minutieusement.


TOROW se présente comme un partenaire afin de chiffrer les recommandations évoquées dans cet article, à les intégrer dans un plan local de développement durable – voire dans la révision du PPA 13 de 2025 – tout en y incluant un dialogue sociable via des enquêtes publiques, à mesurer les effets rebonds, garantir les revenus de la ville (croisière, fret maritime), en y intégrant un développement optimal des énergies renouvelables, des énergies marines renouvelables et réseaux de chaleur urbains.



MEADOW

TOROW

------------------------- [1] https://www.atmosud.org/sites/sud/files/medias/documents/2023-01/210217_Evaluation_PPA13_AtmoSud_v7.pdf [2] https://www.atmosud.org/sites/sud/files/medias/documents/2023-01/210217_Evaluation_PPA13_AtmoSud_v7.pdf [3] https://www.paca.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/conclusions_et_avis_motives_ppa_13.pdf [4] https://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2005:023:0003:0016:FR:PDF [5] https://eur-lex.europa.eu/legal-content/fr/ALL/?uri=CELEX%3A32008L0050 [6] https://www.mrae.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/2020apaca31.pdf [7] Le delta de 6% est réparti entre les villes de Toulon, Nice et La Seyne-sur-Mer [8] https://www.atmosud.org/sites/sud/files/content/migrated/atoms/files/impact_covid_maritime_23mars2021.pdf [9] Il convient de préciser que l’étude n’a pas pris en compte le traitement des fumées et l’effectif exact des membres d’équipage. [10] https://www.atmosud.org/article/bouches-du-rhone [11] https://www.ecologie.gouv.fr/politiques-publiques-reduire-pollution-lair#scroll-nav__6 [12] https://www.paca.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/20220303_ppa13web.pdf [13] https://www.atmosud.org/sites/sud/files/medias/documents/2023-01/210217_Evaluation_PPA13_AtmoSud_v7.pdf [14] https://ampmetropole.fr/missions/strategie-environnementale/plan-climat-air-energie/ [15] https://www.atmosud.org/sites/sud/files/medias/documents/2023-01/210217_Evaluation_PPA13_AtmoSud_v7.pdf [16] https://ampmetropole.fr/wp-content/uploads/2022/07/2-Rapport-Etude-ZFE-m-Marseille.pdf [17] https://ampmetropole.fr/missions/strategie-environnementale/qualite-de-lair/zone-a-faibles-emissions-mobilite-zfe-m/ [18] À titre comparatif, la Suède mettait en place sa première ZFEm en 1996. [19] https://data.ampmetropole.fr/pages/critair-zfe-2021/ [20] https://ampmetropole.fr/wp-content/uploads/2022/07/2-Rapport-Etude-ZFE-m-Marseille.pdf [21] Plus de détails : https://www.bouches-du-rhone.gouv.fr/Actualites/Toute-l-actualite/La-zone-a-faibles-emissions-mobilite-ZFE-m [22] https://data.ampmetropole.fr/pages/critair-zfe-2021/ [23] https://ampmetropole.fr/wp-content/uploads/2022/07/2-Rapport-Etude-ZFE-m-Marseille.pdf [24] Ces estimations prennent en compte le remplacement naturel des véhicules et de la diminution des émissions subséquentes [25] https://librairie.ademe.fr/air-et-bruit/27-zones-a-faibles-emissions-low-emission-zones-lez-a-travers-l-europe-les.html [26] À ce titre, TOROW peut être partenaire de la réalisation d’une étude de faisabilité, infrastructurelle et économique. Cf. https://www.torow.eu/post/impact-économique-de-la-gratuité-des-transports-en-commun-en-agglomération-parisienne [27] Comme la Carte Mobilité Inclusion (CMI) [28] https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/Plan%20d%27action%20chauffage%20au%20bois.pdf [29] À titre informatif, le chauffage au bois est 2 fois plus émetteur en particules fines que le parc automobile actuel [30] https://www.paca.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/ppa_13-actions_170222.pdf [31] https://www.atmosud.org/sites/sud/files/medias/documents/2023-01/Note%20technique%20-%20Enjeux%20QA%20Marseille.pdf [32] On observe un phénomène d’inversion thermique qui concentre l’air froid et les particules au niveau du sol, particulièrement en hiver. [33] Cf. https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/Plan%20d%27action%20chauffage%20au%20bois.pdf [34] https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/Plan%20d%27action%20chauffage%20au%20bois.pdf [35] Plus de détails : https://www.departement13.fr/prime-air-bois/ [36] Plus de détails : https://www.economie.gouv.fr/particuliers/prime-renovation-energetique [37] Plus de détails : https://france-renov.gouv.fr/aides/cee [38] https://www.consoglobe.com/chauffage-au-bois-ce-qui-change-au-1er-avril-2023-cg [39] https://www.atmosud.org/sites/sud/files/content/migrated/atoms/files/200511_synthese_travaux_ports_2018.pdf [40] https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/01_Tableau-Normes-Seuils%20réglementaires.pdf [41] https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/03/01/pollution-maritime-a-marseille-des-habitants-et-des-associations-portent-plainte_6163741_3244.html [42] Une fois à quai, les ferries sont raccordés au réseau électrique terrestre à l’aide d’une potence téléguidée (potence de liaison ou une grue mobile). [43] Une fois les travaux finalisés, les raccordements pourront se faire pour 4 ferries de la liaison maritime corse, 2 ferries sur les quais du Cap Janet à destination du Maghreb, pour 5 méga-yachts en transit sur terre pour leur maintenance au niveau du bassin Mirabeau et de 2 navires à Môle Léon Gourret. [44] https://new.abb.com/news/fr/detail/31529/ferries-corsica-linea-port-marseille-sans-emission-polluante [45] https://www.actu-transport-logistique.fr/journal-de-la-marine-marchande/port/le-port-de-marseille-va-generaliser-lembranchement-a-quai-dici-2025-746022.php [46] La mise en place d’un réseau électrique intelligent (smart grid) pourrait faire baisser ce coût. [47] À l’heure actuelle, des données intermédiaires ne sont pas disponibles.

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