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La Réunion : le défi des mobilités



La Réunion.


Le défi de la mobilité représente un enjeu central pour tout le territoire. L’utilisation de façon excessive de la voiture entraîne d’importantes contraintes, notamment sous la forme d’embouteillages aux abords de chaque grande ville. Pour pallier ce problème, des transports en commun sont pourtant disponibles à La Réunion, seulement utilisés par 10% de la population.


La Réunion est toutefois en mesure de mettre en place d’importantes infrastructures de transports. La plus imposante est sans nul doute la construction de la Nouvelle Route du Littoral (NRL) qui permet d’assurer la liaison sécurisée entre Saint-Denis et la Possession, dans le Nord-Ouest de l’île. L’ancienne route du littoral était soumise à de nombreux risques naturels (éboulements rocheux, fortes houles) entraînant des risques pour les usagers de la route mais également sa fermeture, aggravant ainsi les problèmes de mobilités. C’est dans ce contexte que la NRL a donc été envisagée comme solution marquée par des controverses, surtout en raison de son coût initial estimé à 1,6 milliard d’euros. Celui-ci sera largement dépassé pour atteindre plus de 2 milliards d’euros selon la chambre régionale des comptes (CRC), la plaçant route la plus chère du monde. Cette situation souligne les défis financiers et logistiques auxquels La Réunion est confrontée dans sa quête pour améliorer la mobilité et garantir la sécurité routière.


POURQUOI UNE SI FAIBLE UTILISATION DES TRANSPORTS EN COMMUN ?

Comme beaucoup, les Réunionnais sont attachés à leur voiture, considérée comme symbole de liberté et de réussite. De son côté, l’offre de bus ne couvre pas correctement certaines zones et ceux-ci sont souvent surchargés, ce qui rend les trajets particulièrement inconfortables et dissuasifs. De plus, les voies de circulation ne sont pas toujours adaptées aux transports en commun, ce qui renforce cette préférence massive pour la voiture. La topographie de l’île n’aide pas non plus à freiner cette tendance, car les quartiers d’habitations sont souvent situés dans des endroits escarpés, loin des centres-villes ou des bords de mer. La voiture offre donc un moyen plus pratique d’accès à son domicile. Cela constitue une limite pour des transports en commun tels que train qui ne desservirait que les centres situés le long des côtes – cet aspect contribue à entretenir l’hégémonie de la voiture.

Enfin, il est établi que les horaires de bus ne correspondent pas nécessairement aux besoins des usagers, associé à un défaut de ponctualité largement observé par ces mêmes usagers.


QUE FAIRE ? L’IDEE D’UN TRAM-TRAIN A LA REUNION

Un projet de tram-train à La Réunion, initialement conçu pour relier Gillot à Saint-Paul avait été imaginé, pour ensuite étendre son tracé afin de recréer la ligne ferroviaire originelle entre Saint-Benoît et Saint-Joseph. En 2010, le projet a cependant été abandonné à la suite de la défaite électorale de son instigateur politique, Paul Vergès, aux élections régionales. Les fonds publics initialement destinés à sa réalisation ont été finalement transférés vers la NRL.


L'objectif principal de cet aménagement était de proposer une solution de transport attractive capable de concurrencer l’automobile pour un grand nombre de trajets du quotidien. Les objectifs affichés visaient à fluidifier le trafic routier, à accroître la part des déplacements interurbains réalisés en transport en commun et à transformer les habitudes de transport des Réunionnais.


Le tracé proposé aurait permis de relier des zones densément peuplées, mais également des pôles d'activité et facilitant l'accès aux sites touristiques et culturels de l’île.


Cette solution pourrait donc apporter de nombreux avantages pour les habitants de l'île tout en améliorant leur qualité de vie, mais également en réduisant l'impact environnemental du transport routier par une nette amélioration de la qualité de l’air.


En réduisant les émissions de gaz à effet de serre provenant des véhicules individuels, un tram-train contribuerait à faire chuter drastiquement la mauvaise qualité de l'air à La Réunion. En effet, les véhicules émettent non seulement du CO2 (110,8 g/km par véhicule contre 3,4g/km pour un tramway), mais aussi des particules fines (PM 2.5 , PM 10 et des NOx) et des polluants atmosphériques nocifs. Selon une étude réalisée par l’IFPEN, les émissions moyennes de NOx sont significatives, atteignant 57 mg/km pour les véhicules diesel et 20 mg/km pour les véhicules essence. L'introduction de véhicules diesel équipés de technologies de dépollution LNT (Lean NOx Trap ou piège à NOx) a porté la moyenne à 89 mg/km. À l’inverse, les tramways n'émettent pas de NOx lors de leur fonctionnement. Ils utilisent l'électricité comme source d'énergie, pouvant provenir de sources renouvelables offrant ainsi une solution plus durable et respectueuse de l'environnement. L'introduction d'un tram-train permettrait ainsi de limiter ces émissions polluantes, préservant la santé des habitants et l'environnement insulaire.


ÉCONOMIES POUR LES USAGERS

Scénario


  • 1 mois de travail (22 jours ouvrés)

  • 25 km de trajet par jour

  • Prix d’entretien du véhicule :

o   Carburant : environ 100€ par mois (dépend du type de voiture / distance)

o   Assurance : environ 100€ par mois

o   Autres (vidange, mécanique, abonnement TCL, ...) : considérés dans le prix de l'assurance légèrement élevé pour simplifier le scénario


  • Prix du tram en prenant l’exemple de la ville de Lyon : 2€ prix d’un ticket valable 1h à Lyon soit 4€ aller-retour pour une journée. Donc prix pour un mois de travail = 48€.

Sur cette base, l’ajout d'un tram-train à La Réunion entraînerait des économies significatives pour les Réunionnais, comparativement aux coûts associés à l'entretien d'un véhicule individuel.

En considérant un mois de travail comprenant 22 jours ouvrés avec un trajet moyen de 25 km par jour, examinons les dépenses liées aux deux modes de transport.


  • Pour les propriétaires de véhicules, les dépenses mensuelles s’élèveraient à 200€. En effet pour un trajet quotidien de 25 km, le carburant coûterait environ 100€ par mois et l'assurance représenterait 100€ aussi. D'autres coûts d'entretiens et de réparations mécaniques existent mais sont généralement minimes sur une période d'un mois. Nous n’allons donc pas les prendre en compte pour cette comparaison.

 

  • Le prix d'utilisation du tram-train peut être considérablement plus abordable. En prenant l'exemple de la ville de Lyon où un ticket de tram coûte 2€ pour une heure de validité, un aller-retour pour une journée revient à 4€. Ainsi, pour un mois de travail, les frais de transport en tram-train s'élèveraient à seulement 48€. D’autant que des systèmes d’abonnements plus avantageux pourraient être mis en place.

Ces chiffres montrent bien les économies potentielles que les usagers de La Réunion pourraient réaliser en optant pour le tram-train plutôt que l'utilisation d'un véhicule individuel (environ 4 fois moins cher), offrant ainsi une option de transport plus économique et viable pour les déplacements quotidiens adaptés au tracé d’un tel train.


LES PROJETS DE MOBILITES RESTENT DES DEFIS FINANCIERS

Cependant, il est important de reconnaître que la mise en place de ces solutions nécessite des ajustements considérables dans l'infrastructure urbaine et un coût financier important. En effet, un exemple de projet est celui du tramway express reliant Saint-Denis à Sainte-Marie. Avec une première section de 10 kilomètres entièrement en site propre, ce projet vise à offrir une alternative de transport rapide et fluide entre Saint-Denis et Sainte-Marie où se situe l’aéroport. Ce tramway express prévoit 10 stations sur une distance relativement courte. L'investissement financier nécessaire était estimé à 300 millions € TTC.


Ces dernières années, des solutions innovantes de mobilité douce commencent à émerger à La Réunion, offrant aux habitants des alternatives sur les trajets courts (trottinettes électriques, vélos partagés)


Tous ces modes de transport offrent ainsi une alternative écologique et pratique à la voiture individuelle, dans le but de réduire la congestion routière et les émissions de CO2.


Néanmoins, des questions se posent sur la nécessité de réaménager les routes et les espaces publics pour accommoder ces nouveaux modes de transport. Comment pouvons-nous assurer la sécurité des cyclistes et des utilisateurs de trottinettes électriques tout en partageant l'espace avec les autres usagers de la route ?


La coordination entre ces divers modes de transport est alors cruciale pour assurer une accessibilité optimale et répondre aux besoins variés en déplacements. Des ajustements et investissements sont nécessaires, tant au niveau de l’infrastructure que des services offerts. Il convient de repenser à l’aménagement des routes tout en maintenant une fluidité de la circulation. La difficulté réside dans le manque d’espace sur certains tronçons pour associer à la fois axe routier et voie ferrée.


Une implication et une concertation de la population s’avèrent essentielles dans le processus de planification et de développement du réseau de transports publics. Les besoins des usagers doivent être pris en compte pour permettre de créer un système de transport adapté aux réalités locales.


Construire un projet comme le tram-train doit s’intégrer dans cette perspective de mobilité durable où l’harmonisation des divers modes de transport est au cœur de cette stratégie.


Aristide MOUCAZAMBO,

Consultant TOROW

 

SOURCES

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