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GRENOBLE – POUR UN AIR RESPIRABLE



SYNTHÈSE


Début 2023, Grenoble se classe à la troisième position des grandes villes les plus denses de France après Paris et Lyon.[1] Située entre deux vallées, l’agglomération grenobloise est particulièrement sensible aux effets de la pollution. Désignée Capitale verte Européenne 2022, la problématique écologique à Grenoble et autour de la ville iséroise n’est pas nouvelle et continue de se développer. Dans cette zone, l’exposition à la pollution de l’air serait responsable de 138 décès anticipés chaque année, démontrant ainsi une prérogative aussi bien régionale que nationale.[2] Cette pollution est principalement due au trafic automobile ainsi qu’au chauffage de bâtiment. À l’échelle du département, un plan de protection de l’atmosphère a été créé : le PPA Grenoble Alpes Dauphiné.[3] Obligatoire pour les agglomérations de plus de 250 000 habitants, ce dernier présente une trentaine d’actions visant à diminuer les émissions de polluants atmosphériques. Au-delà du PPA, des actions sont également mises en œuvre à l’échelle locale.[4]


Cet article vise à comprendre cette pollution, son origine, mais également son impact sanitaire tout en présentant et proposant des mesures afin d’y pallier – ou tout du moins de limiter cette dernière – particulièrement concernant les domaines du résidentiel-tertiaire et de la mobilité. Le financement de remplacement de chauffage, l’isolation des bâtiments et la réduction/amélioration du trafic routier sont autant d’actions nécessaires à l’amélioration de la qualité de l’air.


SOMMAIRE


PARTIE I

Impact et origine de la pollution à Grenoble

  • Impact sanitaire

  • Origine des émissions

  • Impact par secteur

PARTIE II

Solutions mises en Å“uvre

  • Plan de protection de l’atmosphère (PPA GAD)

  • Plan d’action air

  • Étude de solutions supplémentaires


TABLES DES FIGURES


Figure 1 : nombre de jours de dépassement des seuils de l’OMS de l’année 2022 selon la station de mesure de Grenoble les Frenes d’ATMO AURA

Figure 2 : émissions des polluants atmosphériques de la métropole grenobloise mesurées par ATMO Rhône-Alpes-Auvergne (2020)

Figure 3 : inventaire des émissions de polluants selon les activités humaines d’après ATMO Rhône-Alpes-Auvergne (en %)

Figure 4 : origine des émissions de NOx dans le secteur du transport

Figure 5 : source des émissions de polluants dans le secteur du résidentiel/tertiaire (en %)

Figure 6 : principaux combustibles des réseaux de chaleur de Grenoble

Figure 7 : estimation du gain environnemental des actions publiques grenobloises sur le transport

Figure 8 : estimation du gain environnemental de l’action Fonds Air Bois

Figure 9 : impact des actions sur les émissions

Figure 10 : impact estimé de la réduction du trafic automobile de 20% en 2020 sur Grenoble-Alpes-Métropole


LIMITES DE L’ÉTUDE

  • Cette étude ne traite pas la baisse des émissions de COVNM en détail qui sont des polluants atmosphériques assez importants tant dans leur impact que dans leur quantité d’émission. Une attention particulière est néanmoins donnée aux émissions de NOx, PM2.5 et PM10.

  • Une cartographie énergétique des bâtiments reste nécessaire ; la composition des parois et des menuiseries extérieures ainsi que leur surface permettra de déterminer le potentiel de réduction de consommation énergétique dans le cadre de travaux d’efficacité énergétique.

  • Les propositions développées sont limitées par le manque de données. De surcroît, la ZFE grenobloise va prochainement être implémentée ; ainsi, aucune conclusion ne peut encore être tirée.

INTRODUCTION


La situation de Grenoble est particulière. L’effet cuvette de la ville limite la dispersion des particules par le vent, accentuant ainsi une stagnation des polluants dans l’air et engendrant des pics de pollution dans la ville.[5] Plusieurs particules sont responsables de cette pollution – dans le cadre de notre analyse, l’émission de six polluants atmosphériques[6] sera étudiée : les particules en suspension (PM10 et PM2.5), le dioxyde de soufre (SO2), l’ozone (O3), le dioxyde d’azote (NO2), les COVNM (Composés Organiques Volatiles Non Méthaniques). En mesurant la concentration de ces six polluants, il est possible de déterminer la qualité de l’air extérieur ; c’est également sur ces six polluants que sont réalisées les études d’impact sanitaire présentées par la suite.


Plus spécifiquement, un état des lieux sera dans un premier temps réalisé afin de comprendre les enjeux environnementaux de la ville iséroise, particulièrement concernant la mise en place d’une Zone à Faibles Émissions (ZFE) obligatoire avant 2025 mais également le besoin d’une redéfinition du chauffage afin de limiter les émissions polluantes. Se faisant, des propositions en complément des mesures du PPA et des dispositifs locaux sont données afin d’exposer les évolutions possibles pour l’évaluation de l’impact de la rénovation énergétique ainsi que les bénéfices de l’instauration d’un péage urbain dans la ville de Grenoble pour compléter la mise en place d’une ZFE qui semble insuffisante.


PARTIE I : IMPACT & ORIGINE DE LA POLLUTION


IMPACT SANITAIRE


L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) détermine des seuils de référence de ces polluants à partir d’une concentration journalière moyenne. Le dépassement des seuils fixés est associé à des risques importants pour la santé publique.[7] En complément de l’OMS, l’association ATMO Auvergne Rhône-Alpes met à disposition les données de suivi de différentes stations mesurant la concentration de pollution de l’air extérieur dans le cadre d’une campagne de suivi de la qualité de l’air extérieur dans la région.[8]


En prenant en compte ces seuils et en les comparant avec les mesures sur la période allant du 1 janvier 2022 au 31 décembre 2022 à la station de Grenoble les Frenes, un nombre de jours de dépassement par année pour chacun des polluants a été calculé.


Figure 1 : nombre de jours de dépassement des seuils de l’OMS de l’année 2022 selon la station de mesure de Grenoble les Frenes d’ATMO AURA


Il apparaît que pour le cas particulier de la ville de Grenoble, les risques sur la santé sont principalement liés à l’expositions des particules PM2.5 et au dioxyde d’azote. À moindre mesure, Grenoble présente également des risques de santé publique liés à l’exposition à l’ozone et aux particules PM10.


Néanmoins, l’occurrence à l’exposition de polluants ne permet pas à elle seule de déterminer les véritables conséquences de la pollution de l’air. Dans son rapport sur les recommandations concernant la qualité de l’air de 2021, l’OMS précise le degré de probabilité de l’influence de chacun des polluants à une exposition à court-terme (autrement dit sur une moyenne de 24 heures) et long-terme (moyenne annuelle).[9] Cette étude abordera uniquement les conséquences d’exposition à court-terme pour la ville de Grenoble, car ce sont ces données-là qui ont été mesurées.


D’après l’OMS, la probabilité de l’influence de l’exposition aux particules fines PM2.5 et PM10 sur la mortalité des troubles cardio-vasculaires est considérée comme haute.

En revanche, la probabilité de l’influence concernant la mortalité des maladies respiratoires non bénignes et des troubles cérébraux-vasculaires est modérée.

Dans le cas du dioxyde d’azote, la probabilité de l’influence de son exposition à court-terme sur la mortalité BPCO[10] est considérée comme haute tandis que la probabilité d’influence sur les maladies respiratoires bénignes ou infections aiguës des voies respiratoires est plus faible.[11]

Dans le cas des effets de l’exposition à l’ozone, des études récentes ont reportés un lien de causalité entre l’exposition à ce polluant et une surmortalité.[12] Un autre lien de causalité a été reconnu entre cette exposition et des troubles respiratoires.

De manière plus succincte, la CIRE Rhône-Alpes dans son étude d’impact sanitaire de 2006 de l’agglomération grenobloise explique que les effets découlant d’une exposition de courte durée sont majoritairement des effets respiratoires (asthme, baisse de la fonction respiratoire) et cardio-vasculaires, tandis qu’une exposition à long-terme est responsable d’infections chroniques (bronchite chronique, asthme), cancers bronchiques voire décès.[13]


Quelles sont les conséquences à cette exposition pour la métropole grenobloise ?


Selon la même étude du CIRE Rhône-Alpes, l’agglomération de plus de 450 000 habitants aurait une pollution atmosphérique responsable de 138 décès anticipés par rapport à une situation théorique sans pollution chaque année. En plus de ces décès, cette pollution aurait pour conséquence 18 hospitalisations pour motif respiratoire, 105 admissions hospitalières pour motif cardio-vasculaire en hiver et 58 en été pour une exposition à court-terme. Dans le cas d’une exposition à long terme, le bilan s’élève à 155 décès annuels.

L’exposition au dioxyde d’azote (NO2) engendrerait 67 décès anticipés dont 25 cardio-vasculaires ainsi que 105 cas de morbidité cardiovasculaire en hiver. Ainsi, les polluants ayant le plus fort impact sanitaire au niveau de la mortalité sont les molécules d’ozone et de dioxyde d’azote. Ces particules ont différents impacts sanitaires, mais également différentes origines.


ORIGINE DES ÉMISSIONS


L’association ATMO Rhône-Alpes-Auvergne effectue un inventaire des émissions en fonction du type de polluants et de leur origine.[14] Les émissions totales de ces polluants dans l’EPCI de Grenoble-Alpes-Métropole[15] se chiffrent en tonnes, pour l’année 2020, selon le tableau suivant :


Figure 2 : émissions des polluants atmosphériques de la métropole grenobloise mesurées par ATMO Rhône-Alpes-Auvergne (2020) [16]


En plus d’une quantification, l’association effectue une répartition sectorielle des émissions de chaque polluant :


Figure 3 : inventaire des émissions de polluants selon les activités humaines d’après ATMO Rhône-Alpes-Auvergne (en %)


Il convient de rappeler que l’ozone (O3) n’est pas présenté car c’est un polluant secondaire, c’est-à-dire que c’est une molécule qui se forme par l’association d’autres polluants. Il n’est donc pas possible d’attribuer une source d’émission directe à ce polluant. Il est tout de même important de noter que c’est un gaz qui se forme principalement par l’association d’oxyde d’azote avec des Composés Organiques Volatiles (COV) sous l’effet du soleil.


Ainsi, d’après la figure 3, la plupart des émissions de particules fines découle du secteur résidentiel, les NOx (incluant le dioxyde d’azote NO2) sont principalement émis par le transport routier, tandis que le dioxyde de souffre est principalement émis par les industries.

Ces différents secteurs pouvant regrouper différents usages, il est donc important de pouvoir les différencier selon les branches afin de préciser l’origine des émissions de polluants atmosphériques.


IMPACT PAR SECTEUR

  • TRANSPORT

D’après le PPA de l’agglomération grenobloise, les plus grands émetteurs de NOx dans le cadre du transport sont les véhicules particuliers et véhicules utilitaires légers, avec plus de 80%. En croisant ces données avec la figure 3, il apparaît que ce sont les recours aux véhicules individuels qui sont à l’origine de la plupart des émissions de NOx.


Figure 4 : origine des émissions de NOx dans le secteur du transport [17]


  • RÉSIDENTIEL & TERTIAIRE

D’autres part, à ces émissions viennent s’additionner celles du secteur résidentiel/tertiaire représentées dans le tableau suivant :


Figure 5 : source des émissions de polluants dans le secteur du résidentiel/tertiaire (en %) [18]


Pour les particules fines, le chauffage est responsable de plus de 85% des émissions dans le secteur du résidentiel. De plus, pour les COVNM, l’usage du chauffage est responsable à plus de 50% de ces émissions, suivi par l’usage des solvants.

Ainsi, concernant le secteur du résidentiel, le chauffage est globalement l’usage le plus polluant

Cependant, le chauffage dans le secteur résidentiel/tertiaire regroupe de multiples modes qui ont des impacts différents. Le rapport présente donc la part d’émissions des polluants du chauffage en fonction des différents systèmes utilisés dans le secteur résidentiel/tertiaire. D’après cette étude, l’impact du chauffage sur les particules fines et les composés organiques volatiles est principalement dû au chauffage individuel biomasse (autrement dit le recours au chauffage au bois individuel).[19]

Or, les principaux facteurs d’influence sur la qualité de la combustion, et donc sur les émissions de polluants atmosphériques, sont :

  • l’appareil et son installation (ancienneté, dimensionnement, entretien)

  • la qualité du combustible (humidité, calibre, présence d’écorce qui augmente les émissions, essence)

  • les pratiques (méthode d’allumage, allure de fonctionnement, gestion des entrées d’air)[20]

Le chauffage urbain au sein de la métropole a également un impact remarquable sur les émissions de polluants, notamment sur les particules de NOx et de dioxyde de souffre. Ces réseaux de chaleur sont régis par la compagnie de chauffage, qui présente la répartition de son mix énergétique :


Figure 6 : principaux combustibles des réseaux de chaleur de Grenoble [21]


D’après cette figure, on remarque que la compagnie a un fort recours au bois, pouvant être responsable de ces émissions. Néanmoins, on observe également que ces réseaux ont recours au charbon (12%) et au fioul (6%) qui sont des combustibles qui émettent beaucoup d’émissions de NOx et SO2. Une mesure d’observation sur l’usine d’incinération d’Athanor de 2021 a révélé que l’impact des ordures ménagères sur les émissions de NOX et SOx est faible comparée aux autres combustibles.[22][23]

Ainsi, on peut en déduire que les émissions de polluants liées au secteur résidentiel/tertiaire de la métropole de Grenoble viennent principalement du mauvais recours au chauffage au bois ainsi que du mix énergétique des réseaux de chaleurs.

SYNTHÈSE DE PARTIE I


Dans un premier temps, une analyse de l’impact sanitaire des émissions de polluants atmosphériques pour la ville de Grenoble a été réalisée. Selon l’étude d’impact sanitaire, les molécules d’ozone (qui sont principalement dues à l’association de molécule de Composé Organique Volatile et d’oxyde d’azote) ainsi que le dioxyde d’azote sont les molécules avec le plus gros impact, suivies des particules fines ayant un diamètre aéraulique inférieur à 10 micromètres.


Les différentes origines d’émissions de ces polluants dans le groupe intercommunal de Grenoble ont été déterminées. Pour le cas du dioxyde d’azote, son émission est principalement due aux véhicules particuliers ainsi qu’aux véhicules unitaires légers. Enfin, pour les émissions de particules fines et de Composé Organiques Volatiles, c’est le mauvais usage du chauffage au bois individuel ainsi que le mix énergétique des réseaux de chaleurs urbains qui en sont les causes principales.


PARTIE II : SOLUTIONS MISES EN Å’UVRE

PLAN DE PROTECTION DE L'ATMOSPHÈRE (PPA GAD)


Aujourd’hui à sa troisième version et ayant pour périmètre d’études la métropole Grenoble-Alpes-Dauphiné[24], le PPA propose un total de 32 actions concernant les secteurs de l’industrie BTP, du résidentiel-tertiaire, de l’agriculture, de la mobilité-urbanisme, de la communication et secteur transversal. Ce plan d’action a fait l’objet d’un rapport détaillé qui estime les réductions d’émissions de polluants atmosphérique étalée sur la période 2022-2027 par polluants et par secteur en tonnes par an.[25][26] Le manque de données à l’heure actuelle (2023) ne permet pas de dresser des conclusions précises quant à son efficacité.


PLAN D'ACTION AIR


Le premier objectif du Plan d’action Air est de travailler à la conversion de la flotte des acteurs publics, à l’aide au développement des véhicules à faibles émissions des professionnels, ainsi qu’à l’aide à l’acquisition de vélos-cargo (VAE).

Une estimation du gain environnemental de ces actions a été fournie par une étude de l’organisme ATMO Auvergne-Rhône-Alpes pour l’année 2020 :


Figure 7 : estimation du gain environnemental des actions publiques grenobloises sur le transport [27]


Dans le cadre du chauffage des bâtiments, deux actions ont été mises en place :

  • Le Fonds Air Bois qui vise à subventionner le renouvellement de systèmes de chauffage au bois par de systèmes plus performants

  • La conversion des systèmes de chauffage vétustes hors bois (notamment conversion chaudière fioul ou propane obsolètes par un système de chaudière gaz performante couplé avec du solaire thermique)

Du fait du manque de données sur le deuxième dispositif, seul le gain environnemental de l’action Fonds Air Bois a été estimé selon le tableau suivant :


Figure 8 : estimation du gain environnemental de l’action Fonds Air Bois [28]


Selon le même rapport de ATMO Auvergne-Rhône-Alpes de 2021, le renouvellement des systèmes de chauffage au bois individuel engendre une hausse des émissions de NOx mais entraîne également une énorme baisse des particules fines.

Il est important de noter que cette étude ne traite pas la baisse des émissions de COVNM, qui sont des polluants atmosphériques assez importants, tant dans leur impact que dans leur quantité d’émission.

Par conséquent, à travers l’inventaire des émissions de polluants, il est possible de déterminer l’impact de ces actions sur la métropole grenobloise, selon le tableau suivant :


Figure 9 : impact des actions sur les émissions


Il est donc difficile de conclure que les actions présentées suffisent dans le cadre d’une politique d’amélioration de la qualité de l’air extérieur dans la métropole grenobloise.


ÉTUDE DE SOLUTIONS COMPLÉMENTAIRES


RÉNOVATION ÉNERGÉTIQUE


L’évaluation de l’impact de la rénovation énergétique dans le cadre de l’amélioration de la qualité de l’air est possible. Une cartographie énergétique des bâtiments reste nécessaire ; la composition des parois et des menuiseries extérieures ainsi que leur surface permettra de déterminer le potentiel de réduction de consommation énergétique dans le cadre de travaux d’efficacité énergétique. De plus, la connaissance des systèmes de chauffage utilisés permettra de déterminer les émissions de polluants existantes et futures.

L’incitation à la rénovation énergétique au travers du dispositif MurMur1 a permis la rénovation de 4500 logements entre 2010 et 2014.[29] En supposant le même impact via le dispositif MurMur2, cela permettrait une réduction de la consommation énergétique de 100GWh/an.[30] Pour déterminer l’impact sur la qualité de l’air, il est important de connaître le système de chauffage avant et après travaux afin de pouvoir quantifier les émissions de polluants évitées.


BAISSE DU TRAFIC ROUTIER


Pour diminuer les émissions dues au secteur des transports, la métropole Grenoble Alpes Métropole met en place une ZFE à partir de juillet 2023. La zone concernée englobe 90% des déplacements en lien avec la métropole grenobloise pour les véhicules particuliers.[31] Ainsi, il paraît peu efficace d’étendre ce dispositif dans le but d’améliorer la qualité de l’air de la ville.


La mise en place de mesures complémentaires semble être nécessaire, comme l'instauration d’un péage urbain par exemple. En s’appuyant sur d’autres villes ayant recours à ce dispositif comme Stockholm ou bien Londres, on constate une baisse de trafic de l’ordre de 20 % pour la capitale suédoise et de 30% à 40% pour la capitale anglaise.[32][33]

En considérant que l’instauration d’un péage urbain permettrait de réduire le trafic autoroutier de 20%, l’impact de cette mesure pour l’année 2020 sur la métropole grenobloise serait :


Figure 10 : impact estimé de la réduction du trafic automobile de 20% en 2020 sur Grenoble-Alpes-Métropole


Ainsi, l’encouragement à la baisse du trafic routier est une action à fort impact dans le cadre de l’amélioration de la qualité de l’air.

Cette baisse du trafic entraînerait un report modal des habitants, nécessitant des infrastructures de transports en commun plus importantes qui devraient faire l’objet d’une étude approfondie.


EXTENSION DE LA PRIME AIR BOIS


Le PPA propose également une extension de la Prime Air Bois sur Grenoble-Alpes-Dauphiné, ce qui permettrait de remplacer 7 500 appareils chauffés au bois non performants. Il est important de noter que la métropole Grenoble-Alpes-Métropole dispose de 15 000 appareils au bois non performants.[34] En considérant la même proportion pour Grenoble-Alpes-Dauphiné, cela donne une estimation de 32 051 appareils non performants dans le périmètre. Ainsi, la mise en place de l’obligation de ce dispositif permettrait d’en multiplier l’impact par 4.


CONCLUSION


L’ensemble des dispositifs mis en place permet une amélioration progressive de la qualité de l’air mais leurs effets restent peu impactant sur l’ensemble des différents territoires (Grenoble-Alpes-Métropole et Grenoble-Alpes-Dauphiné).

Dans cet article, la rénovation énergétique des bâtiments n’a pas été évoquée, or en 2017, 9% du parc de la métropole grenobloise était une passoire thermique et 42% des logements avaient une étiquette énergie perfectible.[35] Il existe certains dispositifs d’aide à la rénovation des logements privés (comme le dispositif MurMur) permettant de réduire la consommation énergétique des bâtiments et par conséquent leurs émissions de polluants.


Ainsi le plan de protection de l’atmosphère ne prend pas en compte les actions de rénovation énergétique alors que la métropole de Grenoble propose déjà un dispositif d’accompagnement financier. De plus, aucune action n’est envisagée afin d’améliorer le mix énergétique des réseaux de chaleurs urbains disposées dans la métropole grenobloise.

Enfin, dans le secteur du transport, certaines actions visant la réduction du trafic automobile ne sont pas envisagées comme l’installation d’un péage urbain ou la mise en place d’une circulation alternée pour les véhicules de particuliers, qui pourtant auraient un grand impact sur la pollution atmosphérique.

L’impact de la mise en place de ces actions permettrait de compléter les précédentes mesures dans le cadre de l’amélioration de la qualité de l’air.


Alexandre ETIENNE

Consultant TOROW

[1] Pour les villes de minimum 150 000 habitants [2] https://www.senat.fr/rap/r14-610-1/r14-610-11.pdf [3] Cette métropole comprend un périmètre de 272 communes réparties sur 12 EPCI (contre 49 pour Grenoble-Alpes-Métropole) [4] Tels que les dispositifs Fond Air Bois et MurMur2 qui seront évoqués dans la suite de ce document [5] https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&cad=rja&uact=8&ved=2ahUKEwjE2bCG3MT-AhUPUaQEHfw5DIMQFnoECAkQAQ&url=https%3A%2F%2Fconventionclimat.grenoblealpesmetropole.fr%2Fcms_viewFile.php%3Fidtf%3D12754%26path%3DAnnexe_socle_Information.pdf&usg=AOvVaw117PPQyNmomb5iCeVti0Wg [6] https://www.ecologie.gouv.fr/pollution-lair-origines-situation-et-impacts [7] https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/345334/9789240034433-eng.pdf?sequence=1&isAllowed=y [8] https://www.atmo-auvergnerhonealpes.fr/dataviz/mesures-aux-stations?date_debut=2022-01-01&date_fin=2022-12-31&station_id=FR15043&polluant_id=01%2C03%2C08%2C24%2C39 [9] https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/345329/9789240034228-eng.pdf?sequence=1&isAllowed=y [10] Bronchopneumopathie chronique obstructive, groupe de maladies chroniques systémiques respiratoires, affectant souvent les bronches puis les poumons, principalement lié au tabagisme à l’asthme ou dans notre cas à une exposition à un air pollué. [11] Groupe de pathologies pouvant inclure la bronchiolite, la bronchite aiguë, dans certains cas d’exacerbation, la grippe ou pneumonie. [12] https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/345334/9789240034433-eng.pdf?sequence=1&isAllowed=y [13] https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/pollution-et-sante/air/documents/rapport-synthese/impact-sanitaire-de-la-pollution-atmospherique-sur-l-agglomeration-de-grenoble [14] https://www.atmo-auvergnerhonealpes.fr/dataviz/emissions?type_zone=1&zone_id=200040715&code_parametre=36 [15] EPCI : Établissement Public de Coopération Intercommunale : nomenclature effectuée en France pour désigner des structures intercommunales. Celle de Grenoble-Alpes-Maritime regroupe près de 49 communes situées à proximité de la ville grenobloise. [16] https://www.atmo-auvergnerhonealpes.fr/dataviz/emissions?type_zone=1&zone_id=200040715&code_parametre=36 [17] Approximations réalisées à partir de : https://www.auvergne-rhone-alpes.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/202104-entier-ppagrenoble_.pdf [18] https://www.auvergne-rhone-alpes.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/202104-entier-ppagrenoble_.pdf [19] 86% du marché national des combustibles biomasse concerne la bûche, excluant le recours aux granulés bois selon Plan d’action – réduction des émissions issues du chauffage au bois en France : https://www.reussir.fr/sites/portail-reussir/files/2021-04/plan_d_action_-_chauffage_au_bois.pdf [20] https://www.reussir.fr/sites/portail-reussir/files/2021-04/plan_d_action_-_chauffage_au_bois.pdf [21] https://www.compagniedechauffage.fr/2337-producteur-chauffage-urbain-grenoble.htm [22] https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&cad=rja&uact=8&ved=2ahUKEwjZ0aCYn9v-AhW7UqQEHfDKDdAQFnoECBEQAQ&url=https%3A%2F%2Fwww.grenoblealpesmetropole.fr%2Fcms_viewFile.php%3Fidtf%3D1588%26path%3DRapport-annuel-sur-l-usine-d-incineration-et-de-valorisation-energetique-d-Athanor-2021.pdf&usg=AOvVaw1dEFuSe54n86O2d9WT-NyN [23] De l’ordre de 1/1000 des émissions de SOx et NOx par kWh entre le gaz naturel ou le bois [24] Concerne 8 EPCI : Grenoble-Alpes-Métropole, CA Le Pays Voironnais, CC Bièvre Est, CC Bièvres Isère, CC Le Grésivaudan, CC Saint Marcellin Vercors Isère Communauté, CC du Trièves et CC Vals du Dauphiné, soit 297 communes contre 49 pour Grenoble-Alpes-Métropole [25] https://www.isere.gouv.fr/contenu/telechargement/66126/433110/file/202212-ppa38-finalise-annexe-1-bdef.pdf [26] https://www.isere.gouv.fr/contenu/telechargement/66125/433106/file/202212-ppa38-rapportprincipal-ppa3-bdef.pdf [27] https://www.atmo-auvergnerhonealpes.fr/sites/aura/files/content/migrated/atoms/files/rapport_evaluation_actions_2020_-_metro_grenoble_final.pdf [28] https://www.atmo-auvergnerhonealpes.fr/sites/aura/files/content/migrated/atoms/files/rapport_evaluation_actions_2020_-_metro_grenoble_final.pdf [29] https://www.placegrenet.fr/2019/02/17/efficacite-energetique-la-metro-perennise-mur-mur-et-cree-un-dispositif-de-soutien-aux-tpe-pme/530256 [30] Selon la caisse des dépôts, la rénovation de 400 000 logements permettrait un gain énergétique de 10 TWh/an : https://www.caissedesdepots.fr/blog/article/renovation-energetique-premier-facteur-de-resilience [31] Synthèse de bilan de la concertation volontaire de Grenoble-Alpes-Métropole 2022 : https://www.grenoblealpesmetropole.fr/133-la-zfe-pour-les-voitures-particulieres.htm [32] https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/22c983e3-42c8-4986-9205-97fdd76b781c/files/3a6f6aa2-0948-48f9-bc75-cd67a5543490 [33] À ce sujet : https://www.torow.eu/post/impact-économique-de-la-gratuité-des-transports-en-commun-en-agglomération-parisienne [34] https://www.auvergne-rhone-alpes.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/Compte-rendu-litteral-lancement_CLUB.pdf [35] D’après l’extraction de données d’OpenData sur la métropole de Grenoble https://hamidabenmansour.gitlab.io/projet_metropole_grenoble/

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